30 octobre 2021

Montserrat la Catalane

Haut lieu de la spiritualité catalane, le sanctuaire de Montserrat - "la montagne sciée" (traduction littérale de mont serrat) - aux dentelles minérales souvent noyées de brume mérite largement le détour.
Situé à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Barcelone, ce site fascinant n’est pas seulement le poumon vert de la mégapole. C’est aussi l’endroit où viennent se ressourcer "ceux qui croient au ciel et ce qui n’y croient pas, la conscience religieuse tout autant que laïque de la Catalogne". Ouvert à l’œcuménisme, le monastère fondé en 1025 par l’abbé Oliba accueille régulièrement des personnalités de tous horizons comme le Dalaï Lama ou Jordi Pujol. C'est aussi et surtout un lieu de dévotion à la Moreneta, la Vierge noire patronne de la Catalogne représentée par sculpture de bois polychrome de la fin de l’époque romane. Autre joyau du monastère, le Llibre Vermell, le Livre Vermeil, sorte d’encyclopédie médiévale constituée d’un recueil de chants et cantiques. On soulignera ici le rayonnement culturel de la montagne sacrée et son influence dans le domaine de l’art : poésie avec Jacint Verdaguer, peinture avec André Masson, architecture avec Antoni Gaudí et tout particulièrement musique avec Richard Wagner. La majesté romantique de Montserrat aurait inspiré la composition du Vaisseau fantôme et de Parsifal. Il faut également souligner la valeur insigne de la bibliothèque de l’abbaye bénédictine, riche de plusieurs milliers de volumes dont beaucoup imprimés sur place. Dans ce domaine, le monastère fait figure de précurseur puisqu’il s’attacha - dès l’invention de l’imprimerie typographique à la Renaissance - les services d’un premier ouvrier de Gutenberg. La tradition s’est poursuivie par l’édition de livres en catalan, même durant la période franquiste et jusqu’à une époque récente.

24 octobre 2021

Un portrait de Beethoven

Des rares portraits de Ludwig Van Beethoven, celui-ci est sans doute le plus connu en même temps que le plus réussi. Peint en 1819 ou 1820 par Joseph Carl Stieler, il doit beaucoup de sa valeur au fait que le génial compositeur, rétif à toute séance de pose, aurait consenti à une unique exception en faveur de Stieler. En fait, bien que la fidélité au modèle apparaisse parfaite à nos yeux, ce portrait a été essentiellement réalisé de mémoire, Stieler n’ayant pas réussi à convaincre l’ombrageux Beethoven de garder la pose aussi longtemps qu’il l’aurait souhaité. Propriété de l’Art Association de Brunswick, le tableau fut acquis lors d’une vente aux enchères par un membre de la famille Spohr qui interdisit toute reproduction jusqu’à trente ans après la mort du peintre. En 1909, le portrait fut vendu 25,000 marks par une héritière, la comtesse Sauerma, harpiste bien connue, à l’éditeur de musique Henri Hinrichsen qui autorisa un nombre limité de reproductions destinées à des amis triés sur le volet.

22 octobre 2021

Le défi de Yuja Wang

Aussi surdouée pour le piano, aussi talentueuse que son compatriote Lang Lang, la jolie Chinoise Yuja Wang déborde largement du cadre souvent empesé de la musique classique. Avec ses tenues colorées, ses talons hauts et ses minijupes, elle est reconnaissable entre toutes.
Grâce à sa technique phénoménale et à une confiance en elle inébranlable, cette virtuose peut s’attaquer sans difficulté aux morceaux les plus ardus du répertoire classique – en l’occurence, le Concerto pour piano n° 1 de Chostakovitch, que ce dernier décrivait lui-même comme un « défi narquois ». Donnant environ cent vingt concerts par an, la Chinoise mène actuellement une vie de nomade à travers la planète. En plus de son interprétation prodigieuse de Chostakovitch, ce programme propose un journal de bord intimiste de ses tournées.

Phénoménale Ruthie Foster

Son style constitue une admirable synthèse de blues et de folk, le tout mêlé de gospel, de pop et de soul. Sa voix, puissante et veloutée, instrument à part entière, lui vaut d’être régulièrement comparée à des aînées aussi illustres que Mahalia Jackson, Aretha Franklin ou – excusez du peu – Ella Fitzgerald. Si ce type de comparaisons est souvent hasardeux et subjectif, il est dans son cas totalement justifié. Ruthie Foster est bel et bien le plus beau diamant que la nouvelle chaîne DJAZZ.tv nous ait à ce jour révélé.
Scandaleusement méconnue en France, Ruthie Foster, 57 ans, a vu longtemps son talent limité à son Texas natal. Aujourd’hui encore la notice Wikipedia la concernant tant en anglais qu’en français s’avère peu prolixe. C’est seulement à la fin des années 90 que ses deux premiers albums, FULL CIRCLE (1997) et CROSSOVER (1999), lui ont acquis le statut de vedette locale, mais sans parvenir à dépasser les frontières de l’Etat. 2002 fut l’année de la reconnaissance nationale pour Ruthie, tant au niveau de la critique que de la réussite commerciale, grâce au formidable RUNAWAY SOUL, sans conteste l’un des meilleurs albums de l’année, essentiel pour tous les amoureux de blues et soul acoustiques. Passionnée de scène, la musicienne nous propose en 2004 l’album STAGES, compilation « en concert » de ses trois premiers albums. Ancrée dans les plus pures traditions américaines, la musique de Ruthie Foster n’a pas touché jusqu’ici un public important en Europe. Ne parlons même pas de la France… A moins que le somptueux THE PHENOMENAL RUTHIE FOSTER, classé quatrième du classement Blues aux Etats-Unis, ne vienne remettre les pendules à l’heure. Cette grande dame de la musique américaine a toutes les chances de vous séduire par son timbre de voix, son feeling, son sens du rythme et sa bonne humeur communicative.

21 octobre 2021

Dr. Lonnie Smith au paradis de l'orgue

Avec un look splendide et un son qui ne l’est pas moins, Dr. Lonnie Smith restera comme un géant du soul-jazz funky et un grand maître de l’orgue. Quarante-cinq ans après son premier album pour Blue Note, la légende de l’orgue Hammond B-3 vient de publier son nouvel album « Evolution » sous le prestigieux label.
LonnieSmith Toujours affublé de sa longue barbe grise et de son turban sur la tête (signes distinctifs des Sikhs), il a commencé en tant qu’accompagnateur du saxophoniste Lou Donaldson sur des albums comme « Alligator Bogaloo » puis comme leader et créateur de véritables classiques du soul-jazz tels que « Think ! » et « Turning Point ». Surnommé le « Docteur » par les musiciens pour sa capacité à interpréter, ou arranger, toutes les musiques, l’organiste invite sur « Evolution » le pianiste Robert Glasper. Le saxophoniste Joe Lovano est aussi de la partie; lui qui a commencé sa carrière en jouant aux côtés de l’organiste sur l’album « Afrodesia », sorti en 1975. Dr. Lonnie Smiith est décédé le 28 septembre 2021 à Fort Lauderdale (Floride).Il était âgé de 79 ans.

20 octobre 2021

Colossal Gregory Porter

Né à Los Angeles, Gregory Porter est une véritable force de la nature. Il a commencé à chanter dans petits clubs jazz de San Diego alors qu’il bénéficiait d’une bourse obtenue grâce à ses talents de footballeur américain. Sa mère était pasteur et le son du Southern gospel de Bakersfield et sa collection de disque de Nat King Cole ont exercé une influence majeure sur sa musique. A partagé la scène ou à enregistré avec des artistes aussi importants que Wynton Marsalis, David Murray, Nicola Conte, Herbie Hancock, et Dianne Reeves. 1999 – première apparition dans la comédie musicale « It Ain’t Nothin’ But the Blues » 2000 – premier album « Water » (Motéma Music) et nomination aux Grammys dans la catégorie du meilleur album de jazz vocal 2012 – parution de « Be Good » et deuxième nomination au Grammys 2013 – parution de « Liquid Spirit » Musique. En trois albums depuis 2010, le géant californien est devenu la référence du jazz vocal. Son nouveau disque le confirme. Il est le plus grand. Son inamovible casquette culmine à près de deux mètres de haut. Gregory Porter a toujours les épaules d’un joueur de football américain. Une sale blessure de match, alors qu’il était étudiant, a changé ses priorités. « J’avais toujours chanté, à l’église, à la maison, dit-il de sa chaude voix de basse. Mais devenir professionnel semblait totalement hors de portée. » Le Californien a bien galéré à New York avant de percer. Il a presque 40 ans quand sort son premier album, Water, en 2010, sur un petit label de Harlem. « Il faut de la maturité pour bien chanter le jazz et la vie », assure-t-il. Gregory Porter a déjà son look, costume chic et baskets hype, casquette et cagoule cachant des cicatrices dues à un accident domestique.